Portrait de Magda Szatanek les mains autour du visage yeux bleus regard perçant cicatrices

L’âme des gens

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé faire de la photo, sans jamais avoir envie de devenir photographe. Une activité, plus qu’une passion, que mon père m’a sûrement communiquée. Il avait un bel appareil, avait appris à développer étant jeune (sans avoir persévéré néanmoins). Et je servais souvent de « modèle » pour que les paysages ne soient pas vides d’humanité.

J’ai commencé avec les appareils jetables, dont j’attendais le développement avec impatience et dont la surprise était toujours un grand moment. Puis, un premier appareil numérique de type compact pour finir par un reflex Canon, dont je n’ai jamais ouvert la notice. Je faisais donc de la photo en automatique, de paysages, d’évènements, de gens, de mes enfants et pour finir des fleurs de mon jardin paysagé. Jusqu’à ce que j’atteigne mes limites, ne plus réussir à capter ce que je voyais de beau, et avoir la flemme d’ouvrir ce putain de manuel.

J’ai remisé mon appareil photo pendant cinq ans, passant sur l’Iphone dont la qualité était largement suffisante à l’usage qui en était fait. Avec ce plus de pouvoir partager les photos instantanément… On est loin de la pellicule déposée chez le développeur du coin de la rue, qui a disparu depuis. A de rares exceptions près, où je l’ai ressorti pour faire quelques portraits de mes amoureux. Portraits plutôt flatteurs, dont la réussite ne tenait, pour moi, qu’à l’amour que j’avais pour eux, et donc cette facilité à capter le moment où je les trouvais beaux.

Et puis, il y a la rencontre avec Albin. Un quinquagénaire sportif (et donc plutôt bien conservé sans être un top modèle) qui avait envie de poser nu. Etant naturiste, il était plutôt à l’aise devant l’objectif. Je sors donc du placard mon Canon, choisie une pièce de sa maison où la lumière me semble intéressant. Puis, je commence à photographier en changeant les modes automatiques du menu. Je ne sais pas vraiment à quoi ils correspondent (paysage, portrait, mode mouvement, mode nuit…). Celui sur lequel je m’arrête est le mode M. L’image me saisit, elle est plus belle que la réalité perçue par mes yeux. Je me lance enthousiaste dans ce shooting improvisé, sans savoir que je suis en manuel et sans changer forcément aucun réglage !

Un avis positif d’un ami photographe professionnel sur mon œil et mon absence de technicité avérée. Et c’est le début d’une grande aventure démarrée en mai 2018. Dès la publication de ces photos, des hommes postulent rapidement pour poser pour moi, à ma plus grande surprise. C’est ainsi que j’ai pu réaliser 37 shootings en 2018, principalement d’hommes, en les laissant venir à moi au gré de leurs envies. Les premiers « candidats » m’ont servi de cobayes consentants et heureux de l’être. C’est ainsi que j’ai commencé à capté les âmes.

Et puis il y a eu les femmes. Ce sont les amies qui ont commencé à se manifester, puis les amies des amies. Elles seront plus nombreuses encore en 2019, l’année du neuf, l’année du ose aussi peut-être. L’année de tous les possibles sûrement. Sans oublier les duos, encore très rares, jusqu’à ce qu’ils osent aussi ensemble. Voilà comment je suis devenue photographe.